Situation économique du Portugal aujourd’hui
Lisbonne entrevoit le bout du tunnel après plusieurs années d’efforts budgétaires sévères. Un plan d’aide de 78 milliards avait été mis en place par l’Europe en 2011 pour venir en aide au pays qui souffrait d’importants déséquilibres budgétaires depuis son adhésion à l’euro.
Durant trois années, la rigueur avec laquelle le gouvernement portugais a appliqué les conditions du plan de redressement financier avait été saluée par les institutions européennes et avait permis à Lisbonne en 2014 de desserrer quelque peu la tutelle européenne et d’opter pour une sortie du plan d’aide.
Puis l’arrivée au pouvoir de la gauche a inversé cette tendance de l’austérité en relançant la consommation des ménages.
Après six années, le bilan de l’économie Portugaise est plutôt positif. Meilleur même que ce que tous les prévisionnistes pouvaient annoncer. Si les indicateurs restent à confirmer, la politique menée par le Portugal pourrait bien servir d’exemple à d’autres pays européens en difficulté.
Mais comment a t-il fait pour redresser son économie ?
Des efforts constants sur l’économie du Portugal
A sa sortie du plan d’aide, le gouvernement portugais avait maintenu sa politique d’austérité ayant conduit à une augmentation des prélèvements fiscaux et à des restrictions sévères des dépenses publiques. Mais les économistes s’accordent à dire que les tentatives pour réduire ses déficits trop rapidement conduisent trop souvent à faire s’envoler le nombre de chômeurs et freiner la reprise économique. Le Portugal n’a pas échappé à cette règle et a vu son taux de chômage passer de 12 % à 16,3 % et son PIB descendre de 6 %.
Le gouvernement portugais a néanmoins abordé sa sortie du plan d’aide avec beaucoup d’optimisme et a redoublé ses efforts pour maintenir le pays sur la voie de la guérison.
En termes de croissance, la réduction de la consommation privée ayant engendré une diminution notable des importations a conduit à un rééquilibrage des comptes dès 2013.
Attirer les investissements étrangers au Portugal
Certaines réglementations fiscales ont aussi attiré de nouveaux investisseurs dans le pays et notamment les retraités Européens. Exonérations d’impôts, taux avantageux, résidence facilités, cela a permis de relancer la consommation et l’emploi. La vie au Portugal est qui plus est douce et agréable.
Des mesures qui ont tardé à porter leurs fruits
Si le programme imposé par Bruxelles a permis de contenir la croissance de la dette, les petites entreprises et les familles ont continué de souffrir d’un appauvrissement des conditions sociales du pays. Augmentation des charges, accroissement du taux de chômage, diminution des salaires du secteur public entraînant également des réajustements à la baisse dans le secteur privé, sont autant de conséquences dont ni les institutions européennes et le FMI, ni même le gouvernement portugais n’ont pris la pleine mesure.
Une consommation à relancer
Le nouveau gouvernement élu en octobre 2015 s’est alors engagé économiquement à revenir sur les mesures de restrictions drastiques mises en place par le gouvernement sortant. Bien que les engagements pris auprès de l’Europe restent en toile de fond, le programme du nouveau gouvernement se veut davantage axé sur la croissance et la relance de la consommation avec des objectifs très ambitieux.
L’augmentation du salaire minimum et des prestations sociales a été l’une des premières mesures du premier ministre socialiste, Antonio Costa.
Le premier trimestre 2017 a enregistré une croissance économique au plus haut depuis ces dix dernières années grâce notamment à une relance du tourisme et une reprise du secteur immobilier infléchie par des investisseurs étrangers, surtout français.
Le sursaut donné par ces premiers chiffres encourageants devrait permettre à léconomie du Portugal d’agir sur son déficit excessif et de sortir enfin la tête de l’eau.
Une entente à trouver
Cette alliance de la gauche devra toutefois se prémunir des querelles de clocher car des désaccords profonds opposent historiquement ses différentes formations. En effet, composée du PS, du Bloc de gauche (BE) et de Coalition démocratique unitaire (CDU), cette association des partis de gauche devra trouver un terrain d’entente même si chacun ne partage pas la même vision de l’avenir.
Si, notamment, une vision différente de l’Europe les oppose farouchement, ces adversaires de toujours doivent dépasser leurs divergences pour travailler ensemble à la reconstruction de l’économie du Portugal, en évitant peut-être les sujets qui pourraient brouiller la belle entente.
Pour cela, le premier ministre socialiste doit jongler avec habileté entre le pouvoir d’achat des foyers, les coupes sombres des investissements publics et agir sur la fiscalité indirecte qui servira à faire entrer un peu d’argent dans les caisses. La remise en cause des politiques d’austérité menées dans le passé ne doit pas non plus entacher la confiance que les instances européennes ont accordée au Portugal sur sa capacité à redresser ses finances.
Un subtil équilibre devra donc être trouvé par le gouvernement pour maintenir les chiffres au beau fixe. On peut lui accorder d’ores et déjà quelques réussites comme celles d’une hausse de 15 % du salaire minimum et du retour aux 35 heures dans la fonction publique. En 2016, le déficit est descendu au score exceptionnel de 2,1 % avec une promesse d’Antonio Costa d’atteindre 1 % en 2018. Toutefois la dette publique reste très élevée et de réelles réformes structurelles doivent être engagées pour éloigner définitivement le danger et retrouver une indépendance viable.
Le fiscalité avantageuse devrait continuer à augmenter les investissements.
L’avenir nous dira si le Portugal saura faire face à la pression de Bruxelles et de ses partenaires et pourra stabiliser une situation qui reste aujourd’hui encore fragile. La relance du secteur du tourisme l’y aidera certainement.
La balle est dans son camp. Il lui reste à transformer l’essai et maintenir ce redressement économique !